Extraordinary !

victoire-miranda-merronMiranda Merron reprend doucement contact avec la réalité, quelques heures après son arrivée en Guadeloupe. 6ème de la très compétitive classe des monocoques de 40 pieds, la skipper Britannique du voilier Campagne de France a réalisé une performance tout à fait exceptionnelle. C’est avec une touchante émotion qu’elle en a terminé hier avec cette longue aventure en solitaire, 3 542 milles de course théorique, 4 347 milles effectivement parcourus à près de 10 nœuds de moyenne (9,9 pour être exact.) Ses pensées vont naturellement à son compagnon Halvard Mabire toujours en course, qui aura tout au long de cette traversée payé le prix fort en s’engageant à bord d’un voilier neuf loué pour l’occasion, mais tardivement mis à l’eau et à court de mise au point. “J’ai beaucoup culpabilisé  vis à vis d’Halvard” avoue t-elle avec une touchante sincérité. “Je suis partie avec le meilleur bateau, et dans le cas inverse, je n’aurai probablement pas été capable de finir la course.” Un aveu en forme d’hommage aux extraordinaires qualités d’homme de mer du skipper de Campagne2 France, qui aura malgré tout triompher de nombreuses avaries, et qu’elle va à présent guetter avec impatience. Bref retour sur 18 jours, 3 heures, 17 minutes et 25 secondes d’aventure et de compétition.

Horrible
Le départ, après une semaine d’effervescence à Saint Malo absolument hallucinante, a été horrible. Nous avons eu à Ouessant une mer infernale, par une nuit noire, avec des vagues énormes… des conditions que j’ai rarement rencontrées dans ma carrière. On est alors en mode survie. Plus rien ne compte que passer sans casser. J’ai échappé au pire en évitant de justesse le trimaran démâté d’Alain Delhummeau. Je l’ai vu au dernier moment au creux d’une vague.

A bit of luck
Je crois que j’ai en suite eu de la chance ; j’avais prévu de descendre au sud dès que possible pour échapper au deuxième passage de front qui a recouvert l’arrière de la flotte. Ça s’est bien passé. J’ai retrouvé rapidement des conditions de mer plus maniables, et je me suis alors sentie très en phase avec le bateau. J’étais bien. Le bateau avait une bonne vitesse et j’étais déjà bien installée dans le groupe de tête.

Gybing
Tout de suite après Madère, on a touché les alizés. Des alizés très instables, avec des grains en permanence, et une mer pas toujours ordonnée dans le bon sens.  Il faut descendre vers le sud ouest en empannant à moment régulier. J’allais vite à cet instant, mais j’ai commencé à réaliser la longueur de la course. Il reste à ce moment de la course 2 000 milles d’océan à parcourir. Il m’a paru important de trouver un rythme qui ménage le bateau. Je pense avoir été un peu trop conservatrice à ce moment de la course. Si j’avais attaqué, je serai peut-être davantage restée au contact de la tête de flotte. Mais en arrivant sur la Guadeloupe, j’ai eu des grains à plus de 40 nœuds. J’ai bien cru y perdre mon mât. Cela aurait été terrible, et je n’ai pas regretté d’avoir ainsi ménagé mon matériel jusqu’au bout.

Proud
L’arrivée à Pointe à Pitre a été très chargée émotionnellement pour moi. C’est le seul vrai grand moment de bonheur de la course. Le reste du temps, on est dans la réalité du bateau, et uniquement du bateau. Manœuvrer, inspecter, barrer, regarder les classements et la météo sur l’ordi… Avec l’arrivée, je suis sortie de la bulle dans laquelle j’étais entrée le 2 novembre dernier. Et cela a été Extraordinary! Dès la tête à l’anglais, un petit bateau de pêche m’a accompagné”. Puis des bateaux amis, et une belle arrivée dans la darse. Je n’ai pas réalisé immédiatement ce que je venais de faire. Aujourd’hui, quand je lis les classements, avec tous ces grands marins, oui je suis fière. I’m proud.

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