Le malheur est dans le près

Halvard-H

Le malheur est dans le près…  en tous cas au-delà d’une certaine force de vent et surtout au-delà d’un certain niveau de mer.

Voici depuis Tuskar Rock que nous sommes tous en train de méditer sur l’idée bizarre, voir l’incongruité, qui consiste à longer la côte irlandaise en tirant laborieusement des bords contre vents et marées, et le tout dans une mer affreuse, comme seulement on en trouve le long des côtes.

 

Avec nos machines à assommer les maquereaux, le près c’est loin d’être le bonheur. Nous tapons et buttons contre des talus liquides, mais qui, selon des lois bizarres de physique dynamique, sont en fait des solides au moment où notre coque les cogne.
Le résultat se traduit par des chocs très violents. Hormis l’impression désagréable que la coque va s’ouvrir sous ces coups de buttoir et que l’on va prendre le pommier (le mât) sur le coin de la tronche à chaque vague, cela rend la vie à bord, ou plutôt la survie, quasiment impossible. Les gestes simples de la vie de tous le jours deviennent des corvées, voir des défis. Faire bouillir de l’eau pour se faire un café devient compliqué. Déjà il faut arriver à mettre de l’eau dans le jet boil sans en renverser la moitié et ensuite il faut arriver à mettre l’eau bouillante dans la tasse et pas sur la main qui la tient. A l’intérieur c’est pas vraiment confort.On ressent les mouvements du bateau et on souffre pour lui.
En plus, lorsque l’on est au sommet d’une vague, lancé à environ 8 nœuds, et que l’on sait que l’on va retomber brutalement dans un trou de 2 mètres de profondeur juste derrière la crête, ce n’est pas une sensation des plus agréables. Je n’ai jamais essayé, mais je pense que si l’on monte dans un ascenseur au 20ème étage, que les câbles pètent au niveau du 19ème, et bien on doit avoir un peu la même sensation… Surtout au moment où on voit  le niveau “RDC” passer et que l’on sait que dans quelques millisecondes on va s’écraser au fond de la cage et qu’on nous retrouvera tout en bouilli, avec les talons au niveau du cervelet.
Dehors ce n’est pas mieux. En plus des mouvements et des chocs qui nous obligent à nous cramponner sous peine de passer à la baille, on se ramasse des paquets d’eau. Salée, froide… et évidemment mouillée qui plus est! Même pas sûr que ce genre de supplice plaise à des sado maso.
Bref, comme à chaque fois dans ces conditions on se demande vraiment ce qu’on fout là. Et comme qui dirait dans la Guerre des Boutons “si j’aurais su j’aurais pas venu”.
Campagne 2 France – Shakker de 12m de long par 4.50m de large

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