A fond dans l’alizé !

3JML3000-600x4005ème jour de course pour la flotte des monocoques de la Class40, dont le “véritable” départ a été redonné depuis Roscoff dimanche 10 novembre dernier. Déjà, de nombreux rebondissements à souligner, avec par exemple, les abandons de sérieux outsiders comme Dunkerque de Thomas Ruyant et Bruno Jourdren, ou le tout nouveau Concise 8, le spectaculaire plan Ker des anglais Sam Goodchild et Ned Collier.

Les leaders du jour, GDF Suez au tandem Rogues-Delahaye et son sister-ship de dauphin, Mare de Pierre Brasseur et Jorg Riechers ont bénéficié mardi dernier d’un joli cadeau d’Elle, sous la forme d’un passage à niveau météorologique qui s’est refermé après leur passage, condamnant leurs poursuivants à de longues heures d’errance à la recherche du vent évanoui. Une folle course poursuite s’est ainsi engagé passé le cap Finisterre, et c’est dans un alizé musclé, 30 noeuds de secteur nord nord est que Campagne de France a réalisé sa remontée fantastique. 12ème aux pointages de mercredi, Halvard Mabire et Miranda Merron sont à toute allure venus se placer dans le sillage immédiat du trio de tête. Les skippers de Campagne de France ne cessent depuis d’affoler les compteurs, affichant des moyennes de progression comparables, système météo différant, avec les Imoca de 60 pieds.

Ce matin encore, le voilier aux couleurs de la marque des Maitres Laitiers du Cotentin affiche avec 14 nœuds de moyenne sur la route, la plus grande vitesse de toute  la flotte. Il a ainsi parcouru ces dernières 24 heures 345 milles, soit la même distance que le 60 pieds Macif en passe de prendre la première place de la course des Imoca au niveau de l’archipel du Cap Vert. Ces deux flottes évoluent certes dans des conditions météos différentes, mais la performance reste néanmoins à souligner.
La flotte des  Class 40 s’est scindée en deux au large de madère et à l’approche des Canaries. Dans le sillage du leader, Campagne de France va passer loin du dévent de ces hautes îles volcaniques, tandis que dans le sillage de Louis Duc et Stéphanie Alran, 3 autres Class40 négocieront la chicane de l’archipel.

L’alizé bien en place autorise tous les plaisirs de la glisse, sous grand gennaker et sur une mer qui, espère t-on, s’arrange quelque peu, et dans une température ambiante rendant moins pénible l’omniprésente humidité. L’heure est toujours à la vitesse pure, en ligne la plus directe possible, dans un contexte qui ne présente aucun choix tactique. La parole est aux barreurs et à leur capacité à demeurer mètre par mètre dans la pression du vent. Un exercice éminemment physique, la moindre faute d’inattention souvent sanctionnée par une sortie de route, gennaker en vrac, voilier couché par la vague. Peu de répit dans ce secteur du jeu avant au moins 48 heures, et un léger affaissement de l’alizé aux approches des îles du Cap Vert, dernières terres avant le Brésil…

 

Le mot d’Halvard…

“Bonjour la terre.

Ici, à bord de Campagne de France, les glissades continuent, bien que la piste  n’ait pas été damée du tout. C’est fou le nombre de trous et bosses qu’il peut y avoir sur cette autoroute du sud. On voit bien que l’Etat n’a plus les moyens, mais c’est pas nouveau et on préfère qu’il ne nous invente pas une taxe au mille parcouru pour nous faire croire que le problème va être résolu. Nous, on sait bien que ça n’arrangera rien du tout et que ça servira qu’à faire vivre les gugusses qui auraient l’idée de cette nouvelle taxe.

En attendant, bien loin des problèmes politiques, nous préférons vous parler des petits riens qui peuvent faire le confort à bord. Pour cette Transat Jacques Vabre, nous avons fait un nouvel investissement sur Campagne de France. Un investissement raisonnable, je vous rassure, car nous n’oublions jamais notre bon côté Paysan Normand, qui sait qu’un sou durement gagné ne doit être dépensé qu’à bon escient. Nous avons investi dans une paire de “kroks” pour chacun. Ou tout du moins des godillots du même genre, mais pas forcément de la même marque car souvent on se retrouve plus à payer un logo que l’objet lui-même. Nous ne sommes jamais de quart ensemble, mais nous ne faisons pas la même pointure avec Miranda, donc nous avons été obligés d’acheter deux paires. Ces espèces de “grolles”, très moches il faut avouer, mais par contre pas lourd du tout, donc tolérées à bord, nous servent de chaussons d’intérieur. Si ça peut vous paraître un drôle de luxe que d’avoir des pantoufles pour l’intérieur, il faut qu’on vous explique que ce n’est pas du tout un luxe superflu. Il se trouve que sur nos bateaux nous sommes confrontés à des problèmes que vous ne pouvez même pas imaginer.
En voici un par exemple : ll y a toujours un peu d’eau par terre. Campagne de France a beau être bien étanche et on a beau faire gaffe, il n’empêche que quand on rentre à l’intérieur avec des cirés dégoulinants après s’être pris quelques heures de lance à incendie à la barre, ou qu’on rentre une voile mouillée, et bien l’eau il faut bien qu’elle aille quelque part. En général par terre, ou plus exactement dans les fonds. Et là, au moment où on enlève ses bottes et qu’on veut mettre le pied par terre et bien on marche dans les quelques millimètres d’eau qui reste toujours, même après avoir épongé. C’est pareil quand on se lève et qu’on s’habille, il y a toujours un moment où on est comme un con à pas savoir où poser son pied avant de l’enfiler dans sa botte. Pour ça, les “kroques”, c’est drôlement bien, on n’a pas les pieds mouillés quand on se déplace dans le bateau sans ses bottes. En plus, une fois au pied, il faut bien avouer que c’est comme des pantoufles, c’est aussi confortable que moche et ringard. C’est pas peu dire. Un peu comme des Charentaises : c’est facile à enfiler, c’est chaud, c’est confortable, mais on n’ose pas sortir avec. Évidemment je parle des pantoufles et pas des charmantes habitantes de la Charente.
Bref vous voyez qu’en Mer un rien peut nous rendre heureux.

A bientôt”

Campagne de France en direction du Sud- Sud Ouest

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