Auteur: Marie 9 juillet 2014 0 Commentaires

Miranda Merron s’est classée vendredi dernier 4ème de la “Qualif solidaire”, course en solitaire réservée aux monocoques de la Class40, organisée dans le golfe de Gascogne depuis Saint-Nazaire, longue de près de 800 milles et servant de qualification pour les postulants à la Route du Rhum 2014. 18 solitaires étaient ainsi au départ, et Miranda, à l’issue d’une superbe course, empoche son “sésame” pour prendre part le 2 novembre prochain à la grande classique entre Saint-Malo et Pointe à Pître.

 

“La “Qualifi Solidaire” a été ma première course en solitaire depuis 2008, et il m’a fallu un peu de temps avant d’accomplir seule correctement les manœuvres. J’ai été un peu trop gâtée ces dernières années en navigant avec Halvard. J’étais en retard sur la ligne de départ à Saint-Nazaire, et je redoutais les premiers empannages dans l’étroit couloir de l’estuaire de la Loire. J’étais inquiète à l’idée de rater mes empannages, de ne pas voir les concurrents à temps ou de trainer à empanner dans des secteurs sans eau. Une fois éloignée de tous ces obstacles, j’ai pu commencer à naviguer correctement.

Nous avons eu d’excellentes conditions la plupart du temps. Très beau temps les trois premiers jours, avec le vent qui montait et descendait, et un parcours qui permettait d’utiliser toutes les combinaisons de voilure. C’était super pour étalonner la vitesse car il y avait en permanence un ou plusieurs bateaux à vue.
La première partie de la course, jusqu’à Wolf Rock, se situant à proximité des côtes, avec de nombreux bateaux de pêche, cargos et adversaires à proximité, il n’a pas été question de dormir. Je n’ai fait ma première sieste qu’en milieu de matinée le second jour. Ce sera probablement le cas lors de la Route du Rhum. Mais avoir suffisamment de sommeil est un vrai problème. La flotte est très compétitive et pousse très fort.. la moindre erreur, en manœuvre ou en tactique, coûte très cher.

Après Wolf Rock et Ushant, j’ai pris les bonnes décisions et ai remonté au classement, aidée en cela par les erreurs des autres concurrents. Par exemple, j’ai dépassé Stéphane le Diraison juste cavant la bouée dans le golfe de Gascogne, mais il a été le premier à renvoyé le spi. Heureusement pour moi, il a envoyé le mauvais spi compte tenu des conditions très ventées à cet instant, et je l’ai rattrapé alors qu’il effectuait un changement de voiles. Il a de nouveau failli me dépasser avant l’arrivée quand le vent est rentré par derrière.
Il y a beaucoup de travail à effectuer à présent, mais j’ai beaucoup aimé cette course ( sauf quand je me suis énervée contre moi-même à cause d’erreurs stupides). Je connais le bateau par cœur. je n’ai jamais eu le sentiment d’être seule, car le manque de sommeil, et l’habitude de naviguer avec Halvard me faisaient croire qu’il était vraiment à bord.  Lui, ainsi que d’autres personnes. Ce n’est que le dernier jour, après avoir pris un peu de repos, que j’ai arrêté de communiquer avec des personnes imaginaires que je croyais à bord!  Incidemment, cela n’est pas un phénomène exclusif au solitaire ; ma bonne amie Emma Richards et moi même étions convaincues que la même personne était à bord de notre bateau Pindar durant la Transat Jacques Vabre. Nous nous en sommes rendues compte plus tard. Je réalise que j’utilise beaucoup le pronom “Je”. Cela ne me plait pas trop. Il y a une équipe, des sponsors, des amis, de la famille et des supporters derrière Campagne de France. Alors, bien que je navigue seule, il n’y a pas que moi dans l’aventure. Et puis il y a ce bateau, que Halvard et moi-même avons construit en grande partie. mon amie Adrienne m’a dit il y a de nombreuses années que lorsqu’on navigue en solitaire, on doit utiliser le pronom “Nous”, pour le bateau et le marin ; Mais bien que Campagne de France soit un objet inanimé, c’est avec “Elle” que je cours, donc si je dis “nous” à présent, c’est bien que je parle du bateau et de moi…”