En route vers le Cap Farewell !
Pour avoir retrouvé du vent, nous en avons trouvé. Ou plutôt c’est le vent qui nous trouve, car il est évident que ce n’est pas avec la vitesse d’un petit voilier que l’on peut aller le chercher là où il est. En attendant, CAMPAGNE DE FRANCE est dans un flux de sud, sud-est “costaud”, ce qui nous permet pour l’instant de faire route directe (ce qui est nouveau depuis bien longtemps) vers le Cap Farewell, qui marque l’entrée ouest du Détroit de Cook.
La grande houle de sud ouest ne nous a jamais quitté et la mer du vent se levant par dessus nous donne une mer très agitée. Comme nous sommes à une allure de “reaching” à quelque 100° du vent et mer de travers, c’est extrêment violent.
Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’est un Class40 à cette allure. Eventuellement, vous pouvez vous imaginer dans une voiture sans suspension (donc pas dans une Citroën du Garage Jacqueline à Valognes), avec évidemment des sièges en dur, et fonçant sur une piste complètement défoncée à très grande vitesse, et vous serez encore loin de notre réalité du moment. Sans compter que sur la piste en question, il n’y a pas sur le bas côté des idiots qui vous arrosent à la lance à incendie. Les soubresauts et chocs sont tellement violents, que pour écrire ces quelques lignes, ça me prend des plombes. La touche “Bksp” est toute chaude tellement elle est sollicitée.
Nous avons eu cette nuit un peu de sport, suite à un “départ au tas” assez spectaculaire. Nous nous apprêtions à passer du genoa à la trinquette, car le vent dépassait déjà les 27-28 noeuds. Nous n’avions encore qu’un seul ris dans la grand-voile. En début de manoeuvre, une grosse vague a embarqué le bateau, le pilote a décroché sous la violence du choc, et nous sommes partis à l’abattée. C’est ce qu’on appelle un “empannage chinois”, mais les Anglos-saxons disent un “Crash gybe” , c’est à dire un empannage “crash”. La version anglo-saxone est beaucoup plus réaliste et compréhensible, car je ne vois pas du tout ce que viennent foutre les Chinois dans cette histoire. Le résultat d’une telle sortie de route, c’est que l’on se retrouve avec les voiles à contre, la grand voile bloquée dans les bastaques. Evidemment, tout le matos et les ballasts se retrouvent aussi du mauvais côté, puisque de la position au vent ils se retrouve sous le vent. Le bateau se retrouve alors complètement couché, barres de flèche dans l’eau… et il y reste tant que l’on ne fait pas “quelque chose”. Cest tout de même assez impressionnant. La première chose à faire est évidemment de s’accrocher ferme et de se dire, très vite, qu’il est tems de passer de la voile à l’alpinisme pour utiliser les vagues notions de varape que l’on peut avoir, afin de se déplacer et d’escalader le pont, que l’on est tout de même plus habitué à voir sous ses pieds, plus ou moins horizontale, qu’au-dessus de soi à 90°. Ensuite il faut commencer à libérer doucement les voiles à contre pour essayer de faire en sorte que le bateau se redresse, mais avec la mer déferlante de travers, ça n’aide pas. C’est dans ces moments que l’on apprécie particulièrement d’avoir une quille bien solide, avec une grosse torpille de 2 tonnes solidement accrochée au bout. Pour compliquer la situation, la trinquette est passée à l’eau, heureusement retenue pas ses mousquetons au bout de son étai, mais que nous n’avions pas encore eu le temps de mettre en place. CAMPAGNE DE FRANCE s’est donc retrouvé “en pêche”, tel un vieux chalutier classique, avec le chalut sur le côté et non à l’arrière comme sur les chalutiers modernes . Malheureusement, si après bien des efforts nous avons réussi à ramener la trinquette à bord, intacte en plus, nous n’avons rien pris sur ce trait de chalut. Donc pas de poisson frais au menu de “plus tard, quand on pourra”. Finalement, petit à petit, on fini par remettre tout en ordre et une fois le bateau redressé, on le remet dans la bonne direction et c’est reparti. Un petit tour à l’intérieur pour voir ce qui a éventuellemnt volé. Pas grand chose en fait, car tout était bien arrimé. Rien de cassé apparement sur le pont on plus. Pas de latte de grand voile cassée à première vue. Bon, ben alors “ya plus qu’à”. En route et c’est reparti pour un nouveau tour de manège dans la caisse sans suspension.
A noter, si besoin est, que pour 20 noeuds d’annoncés dans les fichiers nous en avons courammennt 25 / 30. Les fichiers nous donnant 35 à 40 noeuds de vent d’Est, de face donc, pour le Détroit de Cook, nous nous attendons au pire. Nous ne sommes plus très loin, mais je crois que nous sommes partis pour vraiment en bavez jusqu’au bout.
Nous allons vraiment finir par croire que la Nouvelle Zélande ne veut pas de nous. Il faudrait tout de même leur dire à ces Kiwis que le Rainbow Warrior c’était il y a bien longtemps, sous le règne de Mitterand qui est mort il y a déjà un bout de temps aussi. En plus Green Peace y a gagné au change, car en dehors du bon coup de pub, ils ont hérité d’un navire flambant neuf à la place de leur vielle baille à moules pourrie, probablement payé avec nos sous de contribuables français. Evidemment, il est tout à fait regrettable que quelqu’un y ai laissé sa vie. Paix à son âme.
A la prochaine
CAMPAGNE DE FRANCE – à 300 milles du Détroit de Cook.
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