L’Humeur d’Halvard

starry-night-74153-600x360L’Humeur d’Halvard, à la veille de son 58ème anniversaire, à 1 000 miles de Pointe à Pître

“Bonjour,
Il doit faire déjà jour en “Métropole”. Ici c’est encore la nuit. Première nuit assez sympa à bord de Campagne 2 France. Une nuit paisible qui succède à une nuit pénible. C’est décidément varié une transatlantique à la Voile. Comme il n’y a plus de lune et que pour une fois le ciel était assez dégagé, place aux étoiles.

 

Un beau ciel étoilé, c’est quelque chose que les citadins ne connaissent plus, étant donné que pour les voir, les étoiles, il ne faut pas qu’il y ait des réverbères partout. On vit une drôle d’époque, où on nous saoule avec les économies d’énergie, l’épuisement des ressources etc…, mais il nous faut de la lumière partout. Même quand le citadin, un peu pris par une certaine nostalgie de lointaines racines rurales qu’il pense avoir eu, quitte sa cité pour venir s’installer “à la campagne”, la première chose qu’il demande c’est qu’on lui mette des lampadaires sur le petit chemin de terre qui va jusqu’à son “cottage”. Vous ne savez pas ce que vous louper à vivre sous le néon ou autre halogène, ou led maintenant, histoire de se donner bonne conscience car les led consomment moins. Mais le mieux serait de tout éteindre. D’une part tout le monde profiterait du ciel étoilé et les actes rejoindraient les discours quant aux économies d’énergie.

La nuit fut donc assez paisible, avec une veille attentive tout de même aux variations de vent et de mer, car dès que le spi est en l’air la vigilance s’impose car on peut vite partir en sucette avec le monstrueux paquet de toile que supportent ainsi nos Class40.
Les noctambules les plus bruyants sont les quelques poissons volants qui sont venus se crasher sur le pont. C’est toujours quelque chose qui surprend un peu quand un poisson volant fait un atterrissage, forcément brutal, sur le pont. Je ne sais pas à quoi c’est du. Ils ne regardent pas devant eux, c’est sûr, où ils pensent à autre chose, ou se sont endormis en volant. Toujours est-il que lorsqu’ils atterrissent sur le pont, ça leur fait un réveil brutal. En plus l’antidérapant du pont est tellement agressif qu’ils y laissent un paquet d’écailles. L’atterrissage du poisson volant sur le pont, c’est un peu façon motard qui se gamelle sur une chaussée bien râpeuse sans combinaison. Il y laisse de l’épiderme. Si je le vois je le rejette à l’eau et il est quitte pour se retrouver dans son élément en se demandant encore ce qu’il lui est arrivé. Si malheureusement je ne le vois pas, on retrouve au petit matin le poisson sur le pont. Ça c’est quand on a de la chance. Parce qu’aussi, dans sa course folle, le poisson volant peut atterrir à un endroit incongru et je ne le verrais pas tout de suite. Au bout d’un certain temps, troublé par une certaine odeur, il faudra que je me mette en quête de là d’où ça peut venir. Il n’est pas rare ainsi de retrouver un poisson volant au fond dune baille à bouts ou dans le “lazy bag” (les toiles sur la bôme qui servent à maintenir les plis de la grand voile quand elle est arisée). Évidemment j’en ai déjà mangé du poisson volant. Je dirais qu’au point de vue gout c’est entre le maquereau et la sardine, pour faire référence à ce que je connais. Donc pas mauvais. Par contre, c’est pas comme le poulet, les ailes ne se mangent pas!

C’est pas mal fait les ailes. Ce sont des sortes d’arêtes avec de la peau entre et ça se replie bien nickel le long du corps quand le poisson est dans l’eau, je suppose. En vol il déploie ses ailes un peu comme on ouvre un parapluie et voilà la bête affublée de 2 plans porteurs non négligeables de chaque côté du fuselage.
En aviation, il y a l’éternel débat entre “aile haute”, c’est à dire au-dessus du fuselage, comme beaucoup de Cessna, ou certains Focker, ou même les Breguet Atlantique de notre Marine que l’on voit parfois nous survoler en mer, et “aile basse”, comme la plupart des avions de ligne ou petits avions  de tourisme. Chacune des 2 solutions a forcément ses avantages et ses inconvénients et aussi forcément ses partisans et ses détracteurs. Ayant assisté un jour à un débat passionné entre deux aviateurs sur le sujet, et aucun des deux n’arrivant vraiment à l’emporter dans la discussion et à convaincre son collègue, le partisan de la solution “aile haute” a fini par lâcher qu’il n’avait jamais vu un oiseau “aile basse” et que comme la Nature avait toujours raison, c’était donc lui qui avait raison… Sans appel… et pour les poissons volants, c’est plutôt “aile haute” aussi.
Bon, c’est la fin de la nuit. Un grain se pointe derrière. Je retourne au taf.
A bientôt”
Campagne 2 France – accessoirement porte poissons volants. “fishcraft carrier” comme diraient les Glaouches

 

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