Miranda à 750 milles du but
Nuit plus apaisée que la précédente pour Miranda Merron (Campagne de France) qui en a profité pour faire un peu de couture sur le grand spinnaker. L’alizé de nord est semble s’établir en force comme en direction, et s’aligner enfin sur le sens des vagues, rendant la navigation beaucoup plus confortable. Moins d’empannages en vue pour la skipper Britannique de Campagne de France qui, à moins de 750 milles du but, va pouvoir pousser son bord vers l’ouest avec de la vitesse. Pointe à Pitre est en vue pour le leader de la flotte l’espagnol Alex Pella, et Miranda doit elle aussi commencer à envisager son ETA (Estimated Time of Arrival, jeudi dans la journée).
Dans le même temps, Halvard Mabire (Campagne2FRance) peine toujours à se déhaler de cette zone d’instabilité qui l’a sévèrement scotché hier. Le bilan de 24 heures de pétole est loirs pour le skipper de Barneville-Carteret qui a vu ses voisins d’hier lui “coller” près de 40 milles. Il lui reste encore plus d’un milliers de miles à parcourir, et Halvard aspire à trouver enfin un alizé moins capricieux pour voir ce que son PogoS3 a vraiment dans le ventre aux allures portantes. De belles glissades vers la Guadeloupe, quoi souhaiter de mieux pour le navigateur Normand qui “fêtera” demain ses 58 ans!
Miranda – Campagne de France
“A la même heure voici deux semaines, la flotte “profitait” de sa première nuit au passage du front froid en Manche. Des nuits comme la nuit dernière rendent tous les moments difficiles de la course absolument acceptables. Nuit claire, magnifique sous des millions d’étoiles. De jolies étoiles filantes aussi. Les bandes fluorescentes dans la grand voile brillent de mille feux dans la nuit. Peu de vent, mais la bascule au nord est est arrivée, et le bateau est bien aligné dans le sens des vagues. L’interminable succession d’empannages est pour l’heure terminée. Hier après midi, j’ai remarqué une déchirure dans le grand spi. Je l’ai affalé, en ai envoyé un autre, et l’ai réparé. Un dernier empannage, et le bateau est reparti dans la bonne direction. La récompense a été cette nuit paisible.”
Le Mot d’Halvard
“Bonsoir, une belle journée de pétole est en train de s’achever, avec enfin un peu de pression qui rentre par le Nord Est. Ce n’est pas désagréable du tout le tout petit temps, sous condition bien évidemment de ne pas être le seul dedans, mais là il ne faut pas trop en demander quand même. En tous cas, quitte à être le cancre de la flotte, avec encore certainement la plus mauvaise progression vers le but, c’est à dire le plus mauvais bulletin scolaire, autant être fidèle à sa réputation de cancre, à savoir être près du radiateur, avec de préférence une bonne vue aussi par la fenêtre.
C’est vraiment bizarre ces micro phénomènes météo. Par exemple Teamwork, à seulement 30 milles de moi, ce qui n’est rien à l’échelle de l’Océan et absolument invisible sur aucune carte ni aucun fichier météo, devait avoir tout au long de la journée 2 ou 3 nœuds de pression en plus, ce qui fait toute la différence pour avancer à une vitesse acceptable et non à celle d’une voiturette sans permis, comme on en voit beaucoup dans les Campagnes de France. D’autant plus bizarre et frustrant, c’est quand ça passe au nord et au sud et qu’entre les deux, sans savoir pourquoi, on reste planté comme un con.
Enfin, ceci étant dit, le petit temps est passionnant pour faire avancer un bateau. C’est très demandeur, car il faut être en permanence sur les réglages pour profiter du moindre souffle. En général, la combinaison la plus efficace est de confier la barre au pilote, de façon à pouvoir avoir les écoutes à la main. Mais c’est très gratifiant de voir que par le simple réglage des voiles on peut profiter de la risée ou la louper. C’est un petit jeu que j’aime assez et dans lequel la plupart du temps je m’en sors bien, même si évidemment je n’en donne pas la preuve ces temps-ci.
Suite à mon arrêt de la dernière nuit , nettement moins agréable que mon ralentissement d’aujourd’hui mais tout aussi néfaste quant à la progression, les écarts sont maintenant importants avec les 4 bateaux avec lequel j’avais la chance de batailler encore hier. Avec le vent qui va rentrer il ne va pas se passer grand chose, mais de toutes façons s’il y a une petite chance à prendre on essayera , pour une fois, de ne pas la louper. En restant dans la lucidité tout de même : les carottes ne sont pas loin d’être cuites.
Mais voilà, quand on est un cancre on redouble et les camarades passent dans la classe supérieure. Cela ne leur apporte pas forcément grand chose, mais cela leur donne au moins l’avantage de passer moins de temps sur les bancs de l’école. Moi, en bon cancre, je regarde par la fenêtre et je profite du paysage. Comme d’habitude en fin de journée le ciel commence à se charger et se prépare à nous envoyer pour la tombée de la nuit quelques grains. Et il en sera de même pendant la nuit, où une fois que le ciel nous aura déversé son lot de flotte et de rafales du soir, il travaillera toute la nuit pour nous assurer un peu d’animation au matin. Il faut juste espérer que dans un excès de zèle le ciel se contente de quelques grains et non d’une zone totale de merdasse comme celle dans laquelle j’étais englué toute la nuit dernière.
Mais comme, maintenant que la lune n’est plus là, les nuits sont noires opaques, on ne peut rien savoir tant que l’on n’est pas dessous. Pas d’anticipation fossile non plus, comme on ne voit rien. Donc juste s’en remettre à la chance, en espérant qu’elle ne se concentre pas toujours sur les mêmes.
En attendant, c’est plutôt paisible, alors profitons en, cela ne va pas durer. Par contre avec le petit temps instable, pas moyen de dormir, donc expérience intéressante de ce côté là. Pour l’instant je n’ai encore vu ni martien, ni petits bonhommes bleus ou jaunes ou de n’importe quelle couleur, je n’ai pas entendu de voix et le n’hallucine malheureusement pas en regardant les positions et en m’apercevant que je suis souvent le plus mal placé de la flotte.
A bientôt.”
Campagne 2 France – beau temps belle mer.