Transat Québec – Saint Malo / La veille du départ

Bonjour à tous.

Cela fait depuis Gaspé que je dois vous
envoyer quelques nouvelles...
Mea Culpa, décidément le temps file à la
vitesse des eaux du Saint Laurent
et les jours passent au rythme des mètres
cubes d’eau charriés par ce fleuve
majestueux.
Ce n’est pas qu’il ne s’est rien passé ni que nous n’avions rien à vous
dire, c’est juste que nous avons été autant absorbés par le Québec que par
la préparation de CAMPAGNE DE FRANCE.

Le Québec d’abord. Fantastique. Le Pays, comme les Habitants, comme la
langue. Après ce long périple autour du Monde, à travers des pays
majoritairement anglophones, il n’y a pas à dire, cela fait du bien de «
recauser » en français ! Mais c’est tout de même un Français qu’il faut un
peu réapprendre, car ici on ne sent pas trop l’influence de l’accent des
Banlieues. Ceux qui ne sont habitués qu’à l’accent du 93 risquent de
n’entraver que ch’ti.
Notre première halte en Québec fut à Gaspé. Une bonne opportunité pour y
retrouver Mike Birch, qui s’y est ancré et qui y construit une maison, en
bois, forcément. Quel plaisir que de retrouver ce jeune homme de quelques
huit décénies ! L’enthousiasme et l’humour sont intacts... ses progrès en
français également. En fait Mike le comprend parfaitement mais a bien trouvé
là le moyen idéal de ne pas répondre quand il n’a pas envie... Ceci nous
permet donc un atterrissage en douceur dans un pays où la langue de Molière
est le langage officiel et cela permet aussi a Miranda de prendre une bonne
bouffée de  « glaouche » avant de replonger dans le français.
Après Gaspé, nous avons fait halte à Tadoussac, à l’entrée de la Rivière
Saguenay. En fait de rivière, c’est plutot un Fjord. Très profond et bordé
de hautes falaises. L’eau y est glaciale, ce qui favorise la présence des
Bélouga. Ces magnifiques baleines d’un planc parfait sont malheureusement en
voie de disparition, victimes probablement de la pollution. La population de
quelque mille individus est stable, alors que l’espèce est parfaitement
protégée, qu’elle n’a pas de prédateur et que la nourriture est à profusion.
Dans ces conditions l’Espèce devrait normalement prospérer... Ce n’est
malheureusement pas le cas et c’est encore un des exemples navrants de
l’empreinte de l’homme sur la Nature.

Nous sommes arrivés à Québec en début Juillet et depuis nous nous préparons
activement pour la Transat Québec Saint Malo. Rien de spécial, mais c’est
étonnant comme il peut y avoir toujours quelque chose à faire, même sur un
bateau théoriquement archi prêt.
A croire que l’annotation « peut mieux faire », inlassablement rabachée par
mes professeurs désepérés sur mes bulletins scolaires, a fini quelques 40
ans après par démontrer la pertinence de ses auteurs, à défaut de leur
imagination...
Par contre,  attention. S’il y a toujours moyen d’améliorer, ne jamais
oublier le proverbe « le mieux est l’ennemi du bien » et il ne faut donc pas
toucher à ce qui va bien, ni remettre en cause ce qui marche... La balance
n’est donc pas toujours facile à trouver et parfois il est très urgent de ne
rien faire pour avancer et de remplacer les outils par la réflexion. Si vous
voyez un skipper absorbé dans ses pensées, assis dans son cockpit et l’oeil
perdu au lointain, ne pensez pas qu’il glande, il réfléchit. Une fois que
tout est clair dans la tête, il est temps de passer à l’action et si l’on
veut faire les choses bien, c’est fou comme cela prend du temps.
Surtout lorsque l’on parle de matelotage et que l’on essaye de faire du neuf
avec des bouts qui ont quelques 25.000 milles de course derrière eux. Un
surgainage avec du bout et de la gaine neufs est un jeu d’enfant qui ne
prend que quelque dizaines de minutes, alors qu’avec une ancienne « ficelle
» cet exercice se transforme vite en un jeu d’adresse et de patience qui met
vos nerfs et votre dextérité manuelle à rudes épreuves. Mais le résultat en
vaut la peine et après un fort long périple CAMPAGNE DE FRANCE garde une
allure de jeune fille fraichement sortie de collège, encore fort
présentable.

Le plus important changement sur CAMPAGNE DE FRANCE concerne certainement
l’équipage. Après un long périple en double avec Miranda (excepté une brève
expérience de course en équipage durant l’Atlantic Cup, où nous nous somme
fait proprement repassés faute de combattants d’élite), nous courrons cette
Transat Québec Saint Malo à trois et nous avons la chance d’être rejoint par
notre ami constructueur Christian Bouroullec, patron du chantier STRUCTURES,
qui construit les Pogo.

Christian, comme son nom l’indique, est Breton et nous complétons ainsi
harmonieusement « l’internationalité » de l’équipage de CAMPAGNE DE FRANCE.
Christian n’est pas seulement un brillant chef d’entreprise (ce qui révèle
un véritable esprit d’Aventurier par les temps qui courrent...), c’est aussi
un brillant navigateur, vainqueur de la Mini Transat. Nul doute en tous cas
qu’il est prêt à « mettre du charbon » pour rejoindre le plus vite possible
Saint Malo. D’autant plus qu’il a découvert en arrivant à Québec que nous
lui avions envoyé un prospectus mensonger concernant l’avitaillement de
CAMPAGNE DE FRANCE, et que malheureusement il faudra attendre le port
malouin pour redécouvrir le bonheur du Beurre Salé étalé sur la tartine du
petit déjeuner...

L’Aventure CAMPAGNE DE FRANCE a en partie démarrée grâce à Christian, car
c’est dans son chantier, à Sainte Marine, qu’a été fabriquée la coque de
notre bateau, avant d’être transportée délicatement par un camion d’Altéad
dans notre chantier de Barneville. Ainsi, quelques 2 années après le début
de cette histoire, nous voici presque un tour du Monde après réunis à
nouveau pour une nouvelle aventure : la TRANSAT QUEBEC SAINT  MALO.

J’espère que vous êtes tous prêts pour cette traversée, que vous avez affuté
votre écran d’ordinateur pour nous suivre « à la trace », que vous avez
lancé des paris (illégaux en France, je le rapelle...) et que vous commencez
à vous préparer aux divers désagréments ou joies de notre retour... Nous
allons en tous cas essayer qu’il soit le plus rapide possible. Pour le
plaisir de vous retrouver tous... et aussi parceque nous sommes en course et
que c’est bien le but que d’essayer d’arriver aussi vite que faire se peut à
Saint Malo....

CAMPAGNE DE FRANCE
BASSIN LOUISE – PORT DE QUEBEC

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  1. Pingback: Mirnda Merron et la Transat Québec Saint-Malo » Métal Buzz

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